Christine Tournaire : une certaine idée de la performance

Christine Tournaire : une certaine idée de la performance

Rencontre avec Christine Tournaire, dirigeante de Mindful Performance

Nous avons rencontré Christine Tournaire grâce à un client commun, la société Link’s, pour laquelle nous animons des conférences. Et c’est tout naturellement que nous avons imaginé ensemble des synergies. Fondatrice de Mindful Performance, Christine nous explique son activité, son parcours et sa vision particulière de la performance.

Tu as créé, avec ton associée Anic Brionne, la société Mindful Performance. Quelle est la mission de ton entreprise ?

Le terme « performance » est souvent associé à un résultat que l’on peut mesurer. Mais la performance désigne aussi ce que l’on produit, ce que l’on montre. Un spectacle, un ballet, c’est une performance. C’est cette définition qui nous intéresse. Comme l’exprime notre baseline, notre ambition est d’accompagner les personnes sur le chemin de l’excellence. Pour nous, ce qui est important, ce n’est pas seulement le résultat obtenu, mais surtout la manière dont on fait les choses.

Quels sont vos domaines d’intervention ?

Nos prestations s’organisent en trois volets : la formation professionnelle, le coaching individuel ou collectif et l’animation de séminaires en entreprise. Nos animations portent sur des thèmes liés à l’efficacité professionnelle (management, gestion du temps…) ou à la prévention (stress, sécurité…). Par exemple, nous animons un atelier de trois heures intitulé « Un meilleur sommeil pour une sécurité renforcée ». Nous organisons également des évènements et des stages autour du bien-être, par exemple des week-ends de découverte de la méditation.

Vous préparez actuellement deux séjours d’exception…

Oui, du 26 mai au 2 juin, nous emmenons un groupe dans un endroit idyllique, au cœur des Alpes. L’idée est de permettre aux participants de reprendre contact avec leurs besoins et leurs valeurs du moment. Randonnée et ateliers de sophrologie, de PNL et de méditation sont au programme. Chacun est libre de ne pas faire ce qu’il n’a pas envie de faire, de s’écouter dans l’instant. C’est inhabituel et ça fait un bien fou ! Et puis, du 24 au 31 août, nous coanimons, avec une dizaine de professionnels, un stage de pleine conscience, au sein du domaine de Fondjouan, près de Blois. Le but pour les participants est de quitter le pilotage automatique, qui fait que l’on a souvent l’impression de passer à côté de sa vie, et de retrouver calme et sérénité.

Quel a été ton parcours avant Mindful Performance ?

Mes débuts en sont très éloignés ! J’ai suivi un cursus comptable et financier et j’ai débuté ma carrière au sein d’un cabinet d’expertise comptable. Puis j’ai rejoint une start-up, filiale française d’un groupe américain, qui concevait des systèmes de montage virtuel appliqués à l’audiovisuel. J’étais directrice administrative et financière. C’était une période intense et stimulante, jusqu’à ce que le groupe décide d’installer ses services administratifs en Irlande et de supprimer ses filiales européennes.

Souhaitant me tourner vers un domaine totalement différent, j’ai pris un poste de directrice administrative et financière dans une société automobile, également filiale d’un groupe américain. Bien que n’étant pas technicienne, j’ai été nommée lean manager : en lien avec l’atelier de production, j’ai organisé la refonte des process. Une mission passionnante et très enrichissante. J’ai ensuite été promue directrice générale de la filiale, dans un contexte compliqué, où les choix stratégiques heurtaient de plus en plus mes valeurs. Au bout de quelques années d’une situation intenable, j’ai fait un burn-out. C’était en 2013. Je n’ai pu reprendre une activité, progressivement, qu’en 2016.

Comment décrirais-tu le burn-out ?

Imaginez une voiture qui n’a plus d’essence, dont la batterie est à plat et qui n’a plus de liquide de refroidissement. Si vous essayez de la démarrer, il ne se passe rien. De même, notre corps possède des réserves physiques, intellectuelles, émotionnelles et physiologiques. Pour préserver ces réserves, nous avons besoin de phases de récupération. Si nous accumulons les évènements stressants, avec des phases de récupération insuffisantes, nous atteignons un épuisement complet. Celui-ci prend des formes différentes selon les personnes : incapacité à se lever, à marcher, à supporter l’activité ou le bruit, dépression… Cela peut même aller jusqu’à l’accident vasculaire cérébral ou des paralysies.

Quels conseils donnes-tu pour prévenir le burn-out ?

On dit que le temps nécessaire pour reconstituer ses réserves équivaut à celui qu’il a fallu pour les vider. Plus tôt on en identifie les signaux, mieux c’est ! En cas de troubles inhabituels (lumbago, maux de tête, trous de mémoire, difficulté de concentration, irritabilité…), il convient d’en observer la fréquence et l’intensité. Il faut aussi être à l’écoute de son entourage, qui décèle et fait remarquer les changements de comportement. En cas de doute, il est important de se faire accompagner d’un coach ou d’un sophrologue afin de revenir à soi. Avant d’en arriver là, toute personne devrait veiller à préserver chaque temps de sa vie : le temps professionnel, le temps en famille, le temps en couple, les temps sociaux et le temps personnel : ce dernier est souvent très réduit, voire inexistant, alors qu’il est essentiel à notre équilibre !

De cette épreuve, tu as tiré une force…

Oui, je l’ai transformée en expérience. Je peux accompagner les personnes en burn-out. Je fais de la prévention dans le cadre de mes ateliers et formations. Déjà, lorsque j’étais directrice générale, j’avais commencé à m’intéresser à d’autres outils de management. Je m’étais formée à la systémique des organisations et à la PNL. Depuis, j’ai poursuivi cette démarche. Je suis à présent maître praticienne en PNL et spécialisée en mindfulness. Je parsème mes ateliers d’exercices et de postures de mindfulness. L’idée est d’être conscient de ce que l’on fait au moment où on le fait. J’anime des cycles MBSR, ce qui signifie « réduction du stress basée sur la pleine conscience ». Sur huit séances, j’aide les personnes à prendre conscience de leurs automatismes, à appréhender leurs comportements d’une autre manière afin de pouvoir les modifier.

Tu t’appuies aussi sur ton expérience de lean management.

Oui, car le lean ne repose pas uniquement sur la compétence technique mais également sur le savoir-faire. En tant que manager, j’ai toujours eu à cœur de solliciter les gens pour leurs compétences, de les inciter à faire et à partager ce qu’ils savaient faire. Aujourd’hui, en tant qu’intervenant extérieur, j’aide les personnes à identifier leur savoir-faire afin d’être capable de le reproduire dans différentes circonstances. Ainsi, une femme qui a dû rester à la maison pendant quelques années a souvent développé des compétences, comme l’organisation d’évènements, qu’elle peut transposer dans un cadre professionnel. Et pour formaliser les changements à venir, j’invite toujours les participants à prendre des engagements oralement et par écrit. Le taux de réussite frise les 100% !

As-tu des exemples d’expériences où ta pratique de la PNL et de la mindfulness t’a aidée ?

J’ai animé une formation en communication qui avait été imposée aux trois participants. Plutôt qu’attaquer bille en tête le programme prévu, j’ai commencé par un long temps d’échange, puis j’ai invité les personnes à transformer cette contrainte en moment positif pour elles-mêmes. A l’issue de deux journées faites de jeux, de réflexion et d’expérimentation, toutes trois ont pris conscience de la manière dont ce qu’ils expriment peut être perçu et ont choisi une action à mettre en place. J’ai confiance dans le fait qu’une nouvelle compréhension, un nouveau regard sur les choses, peut amener un changement.

Une autre fois, on m’a demandé d’animer une séance de yoga du rire au sein d’un Ehpad. Les participants devaient être des membres du personnel, des familles et des accompagnants. Au final, sur 22 personnes, 16 étaient des résidents, donc des personnes âgées, dépendantes, voire très handicapées. Cette situation était totalement imprévue et inhabituelle pour moi. Mon premier réflexe a été de penser que je ne savais pas faire. Mais je l’ai fait et chaque participant, à son niveau, a apprécié l’expérience. Ayant vécu cette anecdote, aujourd’hui, je me dis que je peux tout faire ! La mindfulness nous enseigne que la vie est pleine d’imprévus, qu’il convient d’accueillir avec simplicité et bienveillance. C’est aussi une leçon de confiance en soi. Nous possédons tous plus de ressources que nous l’imaginons !

Comment vois-tu l’avenir de Mindful Performance ?

Notre devise est d’accompagner chaque personne sur le chemin de sa propre excellence, à partir des ressources qu’elle possède. Ce chemin est parfois sinueux, abrupt, mais j’ai la conviction que les personnes connaissent leur métier et savent comment améliorer les choses. Je regrette qu’elles ne soient pas davantage écoutées ! Je m’appuie là-dessus pour accomplir mes missions. Je souhaite continuer à grandir, travailler avec d’autres partenaires qui partagent mes valeurs afin de développer une offre complète autour de ce que j’aime appeler « la performance juste et équitable ».

Retrouvez Christine Tournaire sur son site internet et sur LinkedIn.

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2 Comments

  • Murielle Lesoing

    Quel beau chemin Christine Tournaire. Félicitations pour ce beau parcours.
    Bonne continuation.
    Murielle

    • Françoise Landuré

      Merci Murielle. Je transmets à Christine. Vous avez raison, elle peut se féliciter de son parcours !

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